vendredi 4 décembre 2015

A la recherche d'une civilisation perdue

L’alcool, le sexe et la musique, mais pas n’importe laquelle, celle de Maître Gims et de Rihanna, plutôt que celle de Beethoven et de Brel, telle est la sainte-trinité que l’on nous propose d’opposer au fanatisme, à la barbarie et au terrorisme. Pour vaincre, buvons, baisons et faisons du bruit. Peace and love. Dans leur exercice de catharsis collective, les Européens semblent ignorer que c’est parce qu’ils n’ont pas davantage à mettre dans la balance que celle-ci risque de se figer du côté obscur.

L’analyse pessimiste ne date pas d’hier puisque, dans les années 80 déjà, Pascal Bruckner, dans Le sanglot de l’homme blanc, paraphrasant Rudyard Kipling et son White Man’s Burden, avait dénoncé notre tendance mortifère à l’auto-flagellation. D’autres Cassandre ont pris le relais, avec toujours le même succès populaire, sans pour autant être entendus. Les affreux ont même été rangés dans le camp des « néo-réacs », selon le terme consacré par David Lindenberg dans Le Rappel à l’ordre, datant de 2002.

L’Occident était probablement programmé pour s’auto-détruire à grands coups de contrition, d’amour pour la diversité, en même temps que de haine pour soi, de déni de réalité, de tiers-mondisme, de nivellement par le bas, de médiocrité, de repentance, de relativisme, de malconsommation, de déculturation, autant de symptômes d’un mal identique. L’obsolescence  est désormais une réalité. Le suicide civilisationnel à l’œuvre s’aggrave lorsqu’il est permis de « jouir sans entrave », quand il est interdit d’interdire ou lorsque l’on excuse les larcins en donnant une deuxième, puis une troisième, puis une dixième chance à ceux qui se sont exemptés de respecter le contrat social.